Conclusion 2/3 : Il revient à l'État d'instituer la dynamique du droit, articulée autour de la personne juridique

Modifié par Estelledurand

Il revient à l'État, dans sa forme universelle d'Empire, d'instituer l'un des ordres de la justice, celui de la dynamique du droit, articulée autour de la personne juridique, en relation avec les autres ordres de justice.

Il revient toujours à l'État d'instituer la justice, même quand cette justice et cet État cessent d'être tout uniment, comme ils le sont dans le monde total et clos de la Cité, des références à la fois morales, religieuses, politiques et juridiques.

Quand l'État n'est plus Cité, mais devient Empire, alors l'institution de la loi devient, après la conquête guerrière, le principal instrument pour transformer la force en droit, et l'obéissance en devoir : la loi n'est plus alors universelle et concrète, la même pour tous les individus partageant la même éthique morale et religieuse, mais elle est universelle et abstraite, étendue à tous les individus et à tous les peuples, quelles que soient leur mœurs.

L'ordre de la justice cesse ainsi d'être conçu comme une unité, mais il se déploie alors en différentes ordres.

D'un côté, de plus en plus, au sein du droit lui-même, avec la distinction des différentes catégories et spécifications du droit : public, privé, civil, pénal, international, etc. Ces différents ordres objectifs du droit s'articulent autour d'un concept central, celui du sujet de droit, de la personne juridique : le sujet abstrait défini par ses droits et ses obligations juridiques. Le concept juridique de personne devient lui-même le foyer pour penser universellement la subjectivité, le sujet pensant, dans sa dimension morale, philosophique et religieuse.

D'un autre côté, la pluralité des ordres de la justice se fait extérieure au droit, une fois que celui-ci est devenu autonome, en se séparant à la fois du religieux, du politique, de la morale et de la philosophie, qui sont les autres domaines de la justice.

L'unité et la légitimité de la justice posent plus que jamais problème, car la loi de l'État ne paraît plus suffisante à elle seule pour satisfaire cette exigence, et la question se pose de savoir à partir de quel ordre principal ou fondamental recomposer et hiérarchiser les différents ordre de la justice. À partir de la justice de Dieu ou de la justice des hommes ? À partir de la justice de la conscience individuelle ou de la justice de l'État ?

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